Source : https://www.corsicamea.fr/coutumes/bapteme.htm
Premier sacrement de l’initiation chrétienne, le baptême (u battesimu) est moment essentiel et un évènement important de la vie. En corse, le baptême est non seulement un acte religieux mais il a également une fonction sociale bien précise. Jadis, la mortalité infantile était très élevée, et l’on redoutait que l’enfant ne meurt avant d’avoir été baptisé par le curé du village. Dans le mois qui suivait la naissance, on se dépêchait donc de lui donner le sacrement du baptême car si l’enfant venait à mourir, son esprit païen deviendrait un feu follet hantant les cimetières certaines nuits de pleine lune.
Au cours de la préparation donnant lieu à la cérémonie du baptême, on choisissait le parrain (u cumpare) et la marraine ( a cummare) en évitant de les prendre parmi les membres de la famille. Pour un Corse, cela n’avait aucun sens car la famille était particulièrement solidaire et il était plus utile de choisir le parrain et la marraine en dehors de la parenté; ainsi on élargissait le cercle de ses relations tout en établissant des liens solides de sang pour être plus forts face à l’adversité.
Une jeune fille n’acceptait pas d’être la marraine d’une fille si elle ne l’était pas déjà d’un garçon, car en se mariant elle risquait de n’avoir que des filles. De même, on ne choisissait jamais une femme enceinte pour marraine car cela risquait de porte malheur à l’enfant.
Autrefois, les femmes accouchaient dans leur village et la cérémonie du baptême avait lieu tout de suite après. La mère de l’enfant était par la force des choses exclue de la cérémonie et c’était l’accoucheuse (a mammana) ou à défaut une grand-mère, qui portait le bébé entouré de cumpare e cumare.
Dans l’église, toute l’assemblée est extrêmement attentive; il en va de l’avenir de l’enfant. Ce sont uniquement le parrain et la marraine qui tiennent l’enfant. Ce dernier ne doit pas dormir durant le sacrement car il raterait son entrée dans le monde de la chrétienté; par ailleurs, si le parrain ou la marraine se trompent en récitant le Credo l’enfant sera poursuivi par le malheur et il deviendra plus tard un mazzeru (sorcier) ou una stegha (sorcière).
Dès qu’elle en a la possibilité, la mère, portant son enfant dans ses bras, va faire le tour du village. La croyance populaire veut que le bébé qui pénètre dans une maison apporte à ses habitants le bonheur; en retour, il reçoit de la patronne de la maison visitée, un oeuf, une pincée de sel et une allumette, respectivement symboles d’intelligence, de sagesse et de droiture.